Voyage à Běijīng (Pékin)

Peu après le Japon, me voici en Chine pour une conférence. Différences: la Chine est un pays en voie de développement (donc moins cher, plus sale, avec plus de travailleurs manuels, surtout à la campagne), le sens de circulation est à droite (quand les automobilistes le respectent), le chinois est imprononçable sans entraînement. Les commentaires qui suivent sont issus d'impressions glanées en une semaine (donc sujets à caution).

Vues d'avion.

               
Le désert de Gobi: carrière à ciel ouvert, formations de dunes étranges et terrasses.

Le climat

Au mois d'octobre, le temps est assez sec (en deux semaines, deux jours avec quelques gouttes de pluie). L'air est souvent très opaque, probablement chargé de poussière provenant du désert de Gobi proche ou des innombrables chantiers qui parsèment la ville. Il arrive qu'on ne voie pas a plus de 200 m a cause de ça.

       
Air opaque au petit matin.

   
Rue périphérique.

   
Contrastes.

   
La plus grande partie de l'énergie provient du charbon. Celui-ci se présente sous forme de cylindres troués, faciles à brûler dans des poêles adaptés.

Les transports

Běijīng est une grande ville (24 km de diamètre) aux attractions touristiques relativement décentralisées, donc il n'est pas question de tout visiter a pied. La solution naturelle est un système de métros qui irrigue les grands axes. Ce réseau est encore embryonnaire (2 lignes + 2 à venir pour les JO), donc le bus est le transport en commun privilégié. Comme de juste, les bus sont lents, bruyants et bondés. Les gens plus aisés (dont les occidentaux) prennent le taxi. Les riches ont des voitures luxueuses (Audi et Buick sont bien implantés).

La circulation est partagée assez équitablement entre ces trois acteurs (bus, taxis, voitures), plus les camions. Les files sont mal respectées, tout le monde klaxonne voire crie par la fenêtre.

   
Bien sûr, il y a aussi des vélos partout, mais ils ne sont plus les maîtres de la route.

   
Vélo-taxi.

   
Les pousse-pousse n'existent plus que sous forme de statue en bronze pour amuser les enfants.

   
Cyclistes sur la place Tiānānmén

       
Métro au petit matin

Bâtiments classiques (impériaux)

L'architecture traditionnelle chinoise (pour les palais et les temples) est constituée de bâtiments plutôt petits, souvent en bois, couverts de toits aux coins retroussés. Les palais impériaux sont constitués de centaines de ces petites bâtisses. La famille impériale a légué à la Chine ses attractions touristiques les plus visitées (la Cité Interdite, le Palais d'Été). C'est assez répétitif. À la fin du 19e siècle a régné une impératrice douairière du nom de Sixi (prononcer "Sichi"), dont le caractère tient plus de la reine Victoria que de la pauvre Sissi d'Autriche-Hongrie.

           
Grâce à la discipline grégaire des touristes, il est possible de photographier la Cité Interdite (palais des empereurs) comme si elle était vide.

       
Enfilades de petits toits.

           
Bêtes symboliques.

       
La cité n'est pas dépourvue de végétation.

       
Bas-reliefs classiques.

Parcs

Les aristocrates adoraient les parcs. Il y en a de très beaux à Běijīng.

           
Palais d'été.

   
Vision.

   
Combinaison de pierres différentes formant une montagne artificielle censée représenter la diversité de la Chine.

   
Tout le monde fait voler des cerfs-volants, dans les parcs, les places et même du haut des immeubles.

       
Tombée de la nuit.

           
Réflexions

       
divers.

       
Classique: les lotus.

Les temples

Bien sûr, pas d'aristocratie sans religion.

       
Temples.

   
Plaqué seulement.

       
Les cadenas (=couples) et les oiseaux.

   
Encensoirs industriels.

   
Porte d'entrée.

   
Sur les façades et dans les temples: des Bouddhas par milliers.

Bâtiments communistes

Les bâtiments communistes sont énormes et carrés. Mao a détruit beaucoup de vestiges de les dynasties précédentes, mais il faut avouer que c'est conforme a la tradition chinoise, qui comporte presque autant de destructions que de créations.

               
Divers bâtiments sur la place Tiānānmén.

           
Habitations un peu défraîchies (certains quartiers, même proches du centre, sont beaucoup plus délabrés).

   
Marché.

   
Publicités (?) au pochoir.

Bâtiments modernes

La grande affaire du moment est l'organisation des jeux olympiques de 2008. On rase tout ce qui fait vieux et on relance la bétonière.

           
Běijīng ressemble à un rêve de promoteur immobilier.

       
Il y a des chantiers partout, les ouvriers sont au travail jour et nuit.

La Grande Muraille

La Grande Muraille est à une soixantaine de kilomètres au nord de Běijīng. On la voit clairement de l'avion, parce que, à l'opposé des autres constructions (routes et chemins de fer), elle suit la crête des montagnes. Impossible de la voir depuis l'espace cependant, comme le prétend une légende tenace (ni même sur Google maps).

       
Vues d'ensemble.

   
Tout n'a pas été retapé.

   
À l'opposé des constructions européennes, les rangées de briques suivent la pente.

   
Ceci permet d'intéressants effets à la Matrix, d'autant plus que le chemin ne se transforme en escalier que quand ça devient indispensable (pente > 45°).

La campagne

La Grande Muraille traverse une zone de montagnes escarpée par endroits. On peut l'admirer depuis la ligne de train qui part au Nord vers Chéngdé.

   
Village traversé par le train.

   
Sur le bord des vallées, quand la pente n'est pas trop forte, les paysans ont aménagé des terrasses. C'est possible uniquement parce qu'il y a suffisamment de main d'œuvre: les murets en pierre sèche ne porteraient pas un engin agricole.

       
Travaux à la campagne en famille.

   
Brûlis.

       
Il faudra revenir pour se balader.

   
Recyclage à l'ancienne.

À manger

Les Chinois mangent tout le temps et accordent de l'importance à leur nourriture; c'est contagieux. Les légumes, viandes, poissons et fruits sont très variés, ainsi que les manières de les préparer et agencer. Même si on est difficile sur la nourriture, il y a moyen de passer des semaines sans manger deux fois le même plat. On a vite tendance a faire trois repas de plein droit par jour, et de ne pas finir son assiette.

   
Confiseries à base de sauterelles, d'étoiles de mer, d'hypocampes et de petits scorpions (?)

La culture

La culture chinoise est très ancienne et vivace. Dans les vidéothèques, les films chinois (dont hongkongais) sont les plus nombreux, le plus souvent sous la forme de VCDs plutôt que de DVDs.

La musique est représentée par les genres habituels (opéra classique, variété, rap, boy's bands, etc.) en version chinoise. Une singularité: la musique et les films de propagande, avec par exemple les poèmes de Mao mis en chanson.

Sur le plan pictural, les Chinois s'intéressent à la peinture et la calligraphie. Les peintures sont le plus souvent des déclinaisons de quelques thèmes classiques: le coq, la cascade d'eau entourée d'arbres, la branche fleurie, etc. Ce sont des aquarelles avec peu de couleurs dessinées avec un coup de pinceau très sûr. La calligraphie est incompréhensible si on ne comprend pas la langue. Cet art est lié a la poésie, très populaire mais que la traduction rend mièvre et fade.

Il n'y a presque pas de BDs. Il y a des BDs occidentales et japonaises traduites, et même une version locale de Calvin et Hobbes, dessinée quasiment de la même manière (les Chinois sont encore dans une période de copie tous azimuts, pour les marques, les logos, le design, etc.).

La pornographie est interdite (pour protéger la jeunesse, selon la doctrine officielle). On peut donc se procurer les produits dérives de Playboy (chaussures et vêtements) mais pas le magazine lui-même. Ce qui se rapproche le plus du porno, ce sont les livres sur le nu artistique (sous clé derrière des vitres dans les librairies) et des VCDs expliquant comment faire l'amour, qui échappent probablement à la censure grâce a leur vertu pédagogique.

       
Sculptures en jade, qui semblent faites au cure-dents

   
Le bois n'est pas mal non plus.

   
Vendeuse de pin-ups shangaïoises surprise dans sa sieste.

   
Bel ouvrage artisanal. Les branches sont imprimées, les fleurs sont des points d'un pinceau épais, les corolles sont faites au tampon et le texte au pinceau.

L'argent

Le PIB par habitant de la Chine est 5 fois inférieur à la France. Les prix, au-delà des grands hôtels et des produits importés, sont à peu près en proportion. Pratiquement toutes les coupures sont des billets, il y a très peu de pièces (1 yuan = 1 renmin = 10 mao = 0.1 euro approximativement). Par contre, les hôtels, supermarchés, infrastructures sont souvent de bonne qualité (hygiéniques, neufs, standardisés), ce qui doit expliquer en partie l'attrait de la Chine pour les investisseurs.

La plupart des prix se négocient. Il existe, par exemple, deux types de taxis: les officiels avec compteur (service public) et les non-officiels où on négocie le prix (le touriste se fait alors plumer). Même les chambres d'hôtel sont négociables.

La langue

Les Chinois sont réputés pour leur mauvaise prononciation de l'anglais, mais l'occidental en Chine n'est pas plus compréhensible. La signification dépend presque uniquement des voyelles (les contrôleurs de bus ne prononcent même pas les consonnes) et chaque voyelle se décline en cinq tons (neutre, haut, montant, descendant et descendant-montant). Impossible de les ignorer, mais difficile de les prononcer... Pour communiquer (par exemple pour prendre le taxi), mieux vaut alors utiliser du texte écrit en chinois (sur un guide de voyage ou par un ami).

       
traductions couleur locale (une des curiosités de la Chine, selon le Lonely Planet).

Les caractères chinois peuvent être transcrits en latin de plusieurs manières. Celle qui semble prendre le dessus est le pinyin. Des accents indiquent les tons. Sur les ordinateurs, on tape la version latine de chaque caractère, et le logiciel propose une liste parmi laquelle on peut choisir. Contrairement au japonais, le chinois n'importe pas de mots étrangers ("ordinateur" devient "cerveau électrique").

Les Chinois

Traditionnellement, la Chine est sale et polluée. Les toilettes se repèrent à l'odeur et beaucoup de Chinois considèrent l'espace public comme une poubelle. Beaucoup fument dans des lieux clos et l'hygiène nasale est assurée par un fier raclement suivi d'un beau crachat.

On s'y habitue rapidement. Il vaut mieux marcher dans une crachat que dans des déjections canines (les chiens, presque tous des pékinois, ne semblent pas souiller les trottoirs).

Les Chinois ne se mettent pas à la queue et peuvent passer devant quelqu'un même s'il est déjà au guichet. Ils peuvent aussi céder leur place dans un bus à deux étrangers pour leur permettre de s'asseoir ensemble. Difficile, donc, de savoir si le Chinois est mal élevé par nature :-)

   
La position accroupie est commune, mais semble inconvenante aux Chinois de l'étranger.

Les Chinois, quel que soit leur sexe, affectionnent des vêtements sobres dans des tons bleu marine ou brun. Seuls les habits de cérémonie sont dans des couleurs éclatantes, par exemple des robes rouges.

Traces du communisme

On peut parler de traces, tant le pays s'est rendu à l'économie de marché . Il faut chercher loin (à la campagne?) les faucilles et marteaux, les brassards rouges et statues héroïques.

       
Statues.

       
Peintures au musée de l'armée.

Le vestige le plus saillant est l'omniprésence des uniformes. Les vigiles, caissières, gardiens d'immeubles, toute fonction partagée est prétexte à un uniforme d'aspect martial. Il faut un peu d'expérience pour distinguer les vrais policiers et militaires. Ceux-ci (du moins au centre ville) ont l'air de jeunes garçons et flottent dans des costumes et des casquettes trop grands pour eux.

       
Militaires.

Conclusion

C'est un pays bizarre. Je suis en train de lire une biographie de Mao, dans l'espoir de mieux le comprendre.